Contactez-nous au
07 60 00 75 76

Article • Lille • Technologie / Innovation / Transformation Numérique • 21 November 2019

Carpentier : Vers une traçabilité unifiée

Tout près de la Manche, l’entreprise Carpentier traverse des problématiques en phase avec la profession : elle opère son tracking avec des outils internes et externes, le TMS Xyric (Cofisoft), mais aussi des smartphones et différentes applications. Actif à la FNTR, le P-dg David Sagnard ajuste ses données, et nous livre sa vision. 

De Carpentier jusqu’à la mer, on traverse l’ouest de Calais, en passant par l’entrée d’Eurotunnel. En prenant un peu de hauteur, on découvre toute la ville portuaire. Un réseau de sentiers traverse de vertes collines, plusieurs ferries à l’horizon, et au loin, les côtes anglaises. De larges trous d’obus repris par la végétation, vestiges de la seconde guerre mondiale, sont encore bien visibles. Par beau temps, et c’est le cas en cette mi-juin, Calais vaut décidément le détour. Je remercie David Sagnard, P-dg  du groupe Carpentier, de la visite côtière qui clôt notre reportage de belle manière, et me permet de mieux visualiser dans sa localité un transporteur qui s’affiche comme « spécialiste de la relation France-Angleterre depuis 90 ans ».

En effet, créée le 1er mai 1928, la société Transports Carpentier a soufflé ses 90 bougies l’an dernier. Elle fut fondée par l’arrière-grand-père de la femme de David Sagnard. Celui-ci, en épousant la fille d’un transporteur, s’est également pris de passion pour un métier. Carpentier a démarré dans l’extraction de matériaux de construction, principalement du silex dans les carrières de la région. Dans les années 70, la PME s’est concentrée sur le transport, d’abord dans les travaux publics, puis l’agroalimentaire. Portée par les échanges transmanche à partir des années 90, elle profite d’une situation stratégique à Calais, le principal point de passage vers Douvres et l’Angleterre. 

+49 % sur deux ans

L’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros en 2019, assorti d’une croissance de 49 % sur les deux dernières années. « Nous avons profité de l’essor de l’activité sucrière avec la libération des quotas au niveau européen », indique le patron. L’activité historique de l’entreprise, le vrac solide, représente 30 % du chiffre d’affaires. Le transport palettisé transmanche, et la citerne alimentaire, 30 % également chacun. Les 10 % restants sont générés par la logistique. »

Exploitation sur le TMS Xyric

Au-delà de son entreprise, David Sagnard assure plusieurs responsabilités dans la communauté de sa profession. Il réfléchit aux orientations et à l’image du métier. Réélu à la présidence de la FNTR Pas-de-Calais en juin 2019, David Sagnard est également vice-président de l’entité nationale de la FNTR à Paris. En outre, depuis 1992, Carpentier est adhérent du groupement Flo. David Sagnard représente l’organisation dans son activité vrac solide, mais aussi au sein de la structure H2P, dont de nombreuses entreprises Flo font partie – H2P, la Holding Premium Professionnel, la société mère de B2PWeb, S2PWeb (GedTrans, GedMouv) et S3P Web (l’agrégateur des data transport), est détenue à 100 % par les professionnels du transport. « Avec Vincent Le Prince, Président de H2P et P-dg de Normandie Logistique à l’époque, ainsi que Michel Alainé, cofondateur de la bourse de fret, les membres de notre groupement ont joué un rôle important dans la fondation de la holding, rappelle David Sagnard. Aujourd’hui, cette structure nous aide à maîtriser nos données, nos flux, nos sources d’affrètement, mais aussi à prendre conscience de l’importance de toutes ces questions. Ensemble, nous nous organisons pour reprendre la main. » 

Au sein de la FNTR, de Flo ou de H2P, David Sagnard et ses pairs réfléchissent à mieux protéger leur valeur ajoutée, à mettre en avant leur maîtrise de l’information auprès des clients chargeurs, pour devenir des organisateurs de flux numériques, des prestataires de traçabilité. Comme nombre de ses confrères, le patron de Carpentier regrette de n’avoir pas « vu le vent tourner », d’avoir laissé des plateformes intermédiaires s’installer sur leur marché.
En aparté, dans TRM le Guide, nous pensons que les PME du transport sont ici un peu sévères avec elles-mêmes. Les entreprises bénéficient de circonstances atténuantes : pas à pas, elles se sont concentrées sur l’optimisation de leur exploitation, la conduite du changement de leurs équipes, les interfaces entre des systèmes de plus en plus complexes. Le nez dans le guidon, elles ont mené une véritable révolution informatique en l’espace de 10 ans. Sans doute ne se sont-elles pas suffisamment préoccupées de vendre cette information. En délaissant ce chantier, elles ont ouvert la porte à des startups. Néanmoins, elles ont réalisé l’essentiel, parcouru le chemin le plus laborieux : passer du crayon au tout écran, jusqu’à la numérisation presque complète de leur métier. La dernière brique, commerciale, ne sera pas la plus lourde.

Le devoir de s’unir

« Les transporteurs ont le devoir de s’unir, afin d’imposer leurs propres outils, puisqu’ils sont capables d’assurer une traçabilité complète des flux de transport. À défaut, les donneurs d’ordres imposeront la ressaisie des statuts de livraison sur des plateformes de traçabilité. » Dans cette logique, Carpentier met en avant la solution GedMouv de S2PWeb, adoptée par plusieurs chargeurs. « Depuis le début de l’année 2019, nous travaillons sur GedMouv avec les Carrières du Boulonnais (Groupe CDB), un client historique de l’entreprise, relate David Sagnard. Après une phase de test réussi, CDB a interfacé GedMouv avec son TMS chargeur (Akanea). Nous travaillons donc de manière fluide, puisque chez Carpentier, GedMouv est interfacé avec notre TMS Xyric. Les informations de tournées sont transmises sur l’application mobile GedMouv. Puis les preuves de livraison sont envoyées en temps réel dans les deux TMS. Nous exploitons également GedMouv pour récupérer les données d’une dizaine d’affrétés permanents et un total de 30 véhicules. Nous avons fourni une dizaine de smartphones à autant d’artisans transporteurs. Il s’agit d’une bonne solution pour envoyer les commandes aux chauffeurs au fil de l’eau, et accélérer le traitement de la facturation. Nous avons mis en œuvre ce processus pour la compagnie sucrière en 2018-2019, et cela fonctionne bien. »

Logistique Carpentier

Précisons que les smartphones utilisés sont les modèles durcis Crosscall Trekker. Carpentier prévoit d’en équiper l’ensemble de son personnel roulant, soit 70 conducteurs. « L’outil est résistant et dispose d’une double entrée pour des cartes Sim. Pour l’instant, nous utilisons les Crosscall essentiellement avec GedMouv. Mais nous avons le projet de développer notre propre application mobile Carpentier pour transmettre nombre d’informations aux conducteurs, gérer les protocoles de sécurité, et enrichir l’appartenance au groupe. Nous éditons notamment un petit journal que nous pourrons passer en version numérique. »

Au service d’autres clients, le transporteur doit s’adapter aux outils demandés. Par exemple, pour Tereos et Cristal Union, deux groupes coopératifs sucriers, les exploitants saisissent les informations sur la plateforme Transwide. Pour Michelin, il se connecte sur Transporeon. « Dans ces cas de figure, nous réceptionnons les commandes, nous les validons, puis nous les entrons sur ordinateur dans Xyric. Ici, la récurrence des opérations ne nécessite pas de commander une interface avec le TMS. Nous avons  mesuré le temps passé, l’avons comparé avec le coût de l’EDI, et pour l’instant, nous conservons un traitement manuel. »

L’intégration au groupement

L’application informatique Xyric Proxylog est également employée pour la gestion et le suivi des expéditions de marchandises palettisée au sein de Flo Palettes (distribution de 1 à 5 palettes). Le réseau rassemble 57 adhérents, dont les transports Carpentier. Il compte une plateforme nationale basée à Gidy (45) et deux hubs régionaux à Toulouse et à Lyon. « Un système informatique commun permet la traçabilité des envois et la visualisation des émargés en ligne, explique David Sagnard. Par simplicité, nous avons également adopté Proxylog il y a quatre ans. Ainsi, les relais de palettes se font sans ressaisies chez Carpentier. Les étiquettes d’expédition sont éditées plus facilement. Et les preuves de livraison remontent automatiquement dans notre système. »

Le choix de Xyric appartient au Directeur d’exploitation Arnaud Dequidt et à ses équipes qui utilisent le TMS au quotidien. « Proxylog est bien adapté à nos trois activités de vrac solide, transport palettisé et citerne alimentaire, explique ce dernier. Les TMS du marché que nous avons étudiés étaient moins polyvalents. Avec trois centres de profits distincts, mais une base de données unique, nous pouvons effectuer de l’affrètement interne ou envoyer un flux vers Flo Palettes. Sur un même écran, nous pouvons visualisez notre propre exploitation ainsi que les ruptures propres au réseau. Toutes les informations de Flo apparaissent sur Proxylog. Par ailleurs, nous apprécions la fonction d’archivage documentaire automatisée. D’un clic, nous pouvons envoyer la preuve de livraison à un client. D’ailleurs, une mise à jour du TMS vient être réalisée en septembre 2019. Les relais et les ruptures apparaissent de manière plus simple, plus ergonomique. »

« Xyric nous apporte tout un éventail de statistiques permettant un contrôle de gestion, avec les chiffres d’affaires et les coûts ventilés par activité, par secteur, par période, par client, ajoute David Sagnard. Ainsi que les indicateurs collectés automatiquement sur l’informatique embarquée – horaires d’arrivée sur les sites, temps de chargements, gestion sociale. Ce logiciel va bien au-delà d’un simple outil d’exploitation. »

Chez Carpentier, les chantiers informatiques actuels visent à affiner les interfaces de Xyric avec GedMouv d’une part, et la solution embarquée Transics d’autre part. « Ces passerelles sont en évolution continuelle, au fur et à mesure que les logiciels évoluent. »

GPI Parc : une aide à l’achat

Pour gérer son parc de véhicules, les transports Carpentier utilisent le logiciel GPI Parc depuis bientôt trois ans. « La gestion des pièces de rechange est ainsi informatisée et directement reliée aux ordres de transport, explique David Sagnard. Nous optimisons les stocks de pièces, pour mieux gérer cette trésorerie. D’autant que les prestations de garage entrent dans le giron des transports Carpentier, et sont facturées aux autres filiales du groupe. »

Toutes les opérations, et le temps nécessaire aux réparations sont enregistrées par des terminaux logistiques, via le scan de codes-barres des pièces détachées. L’application mobile sur PDA est également conçue par GPI. Toutes ces informations représentent une aide à la décision sur nos futurs investissements en véhicules industriels. En effet, nous pouvons mesurer les temps d’immobilisation et les coûts afférents à chaque matériel. Sans citer de marques, nous sommes aujourd’hui capables de privilégier tel ou tel constructeur sur des critères objectifs. »

Les Transports Carpentier
– CA 2019 : 20 M€
– Effectif : 115 personnes
– 2019 : Activité de services maritimes avec le groupement d’entreprises 12XL sur le port de calais – entrepôt de 25 000 m2.
– 2020 : Ouverture d’un parking sécurisé de 293 places

Source:Transportissimo.fr