L'entrepôt moderne devient plus haut, plus grand et plus écologique
Face à la raréfaction du foncier disponible, les développeurs d'immobilier logistique sont amenés à construire des entrepôts plus hauts et plus économes en énergie pour respecter des normes environnementales strictes.
Inaugurée le 29 janvier, la nouvelle plate-forme logistique du développeur Vailog, située sur le port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) , marque une rupture avec les entrepôts classiques de plain-pied. « C'est un bâtiment réunissant deux entrepôts superposés de 30.000 mètres carrés chacun, l'un au rez-de-chaussée, l'autre à l'étage. Une première en France », indique Damien Vernier, directeur commercial de GSE, spécialiste d'immobilier professionnel, qui a construit le bâtiment. Face à la pénurie de foncier disponible notamment en milieu urbain ou périurbain, les développeurs d'immobilier logistique n'ont pas d'autre choix que d'ériger des bâtiments en hauteur. « L'entrepôt à étage est une tendance forte d'avenir pour répondre à la fois à la raréfaction de foncier disponible et au besoin de plus grand volume des utilisateurs pour lesquels les développeurs réalisent désormais des bâtiments XXL de plus de 50.000 mètres carrés », explique Cécile Tricault, directrice générale de Prologis France.
Savoir s'adapter aux process
En attendant, les développeurs optimisent déjà le volume des entrepôts modernes de plain-pied pour adapter leur capacité d'accueil de process mécanisés et automatisés de préparation et d'expédition de commandes mis en place à l'intérieur. L'entrepôt, qui devient un véritable outil de production technologique, requiert un bâtiment qui puisse s'adapter autour de ses process.
« Convoyeurs, transstockeurs, robotique… imposent des bâtiments logistiques plus grands, plus hauts, avec des niveaux de plancher intermédiaires comme des mezzanines, de façon à optimiser l'utilisation de la surface au sol », souligne Benoît Chappey, directeur du développement de Goodman France. La hauteur des bâtiments peut atteindre jusqu'à 40 mètres si on utilise un grand transstockeur, une armoire de stockage automatisé de bacs. Pour atteindre une telle adaptabilité, l'entrepôt moderne est conçu à partir de sa maquette numérique, une modélisation en 3D de tous les plans des divers corps de métier de gros oeuvre et de second oeuvre (charpentes, menuiseries…) du bâtiment. Ce procédé appelé « building information modeling » (BIM) constitue une base de données qui centralise toutes les informations et modifications mises à jour en temps réel, dès la conception et pendant toutes les phases de construction, jusqu'à la gestion du bâtiment pendant sa phase d'exploitation.
Réduire l'impact environnemental
L'entrepôt de dernière génération, dit de « classe A », est également un bâtiment écologique. Il doit répondre à des critères de limitation d'impact sur son environnement établis par les certifications française HQE ou britannique BREEAM. Eclairage intérieur aux LED économe en énergie, système automatique de détection de présence pour limiter le temps d'éclairage, diffusion de la lumière naturelle favorisée par des fenêtres placées sur le toit ou isolation renforcée du bâti pour éviter toute déperdition de chaleur… L'entrepôt devient un bâtiment basse consommation. « En général dotés d'un système de contrôle et de régulation en temps réel de la consommation d'énergie, les entrepôts deviennent de plus en plus intelligents », souligne Grégory Blouin, président de Virtuo. Et la tendance désormais à les équiper d'une centrale photovoltaïque sur le toit ou d'ombrières solaires à l'extérieur va les rendre de plus en plus autonomes en énergie.
Ce souci de protection de l'environnement se traduit également à l'extérieur sur le site même de l'entrepôt. Les développeurs mettent notamment en place des systèmes autonomes de gestion des eaux pluviales à l'aide de bassins de rétention de préstockage et de prétraitement d'eau avant de la rejeter filtrée dans le sol. « Ces dispositifs permettent même de réutiliser l'eau pluviale pour l'arrosage des espaces verts du site ou pour les sanitaires », conclut Grégory Blouin.
Source : Les échos